La jeunesse porte la mémoire de la Résistance

Auguste Delaune, André Diez, Marie Dubois, Auguste Poullain… Des noms familiers croisés aux coins des rues, sur le fronton des écoles et des bâtiments municipaux. Ils sont ceux des résistantes et des résistants qui, à Pierrefitte -sur-Seine et Saint-Denis, se sont opposés à l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous ont répondu présents à l’appel lancé par le général de Gaulle le 18 juin 1940, puis rejoint les réseaux de la Résistance qui, par leurs actions de renseignement et de sabotage, ont contribué à la Libération de la France de juin 1944 à août 1945.
Encore aujourd’hui, Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine font vivre la mémoire de ces héroïnes et héros qui ont mené la lutte clandestine, au péril de leurs vies. Leur souvenir est ravivé chaque année à l’occasion des commémorations de la Victoire du 8 mai 1945 et de la Journée de la Résistance le 27 mai.
Les portraits et les noms des membres de la Résistance dionysienne sont affichés publiquement.
Parmi eux, Auguste Delaune, conseiller supérieur des sports au sein du gouvernement du Front populaire et fondateur du journal clandestin Sport Libre, mort sous la torture le 12 septembre 1943 ;
ou encore Marie Dubois, née Corot, tenancière d’un café où les résistants se réunissaient, arrêtée en septembre 1942 puis déportée à Auschwitz où elle décède le 10 février 1943.
« Il nous faut raconter les maquisards, les partisans, les Français et les Françaises, qui sont tombés sans bruit, souvent sans avoir parlé », déclare Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, lors de la commémoration du 8 mai 2025. « Pour raconter la Résistance, il nous faut aussi raconter la collaboration et le régime de Vichy qui ont servi l’impérialisme et ont renoncé à se tenir debout face à l’ennemi. Notre ville elle-même en a souffert. » Référence à Jacques Doriot, maire de Saint-Denis de 1931 à 1937 et fondateur du Parti populaire français, et à son successeur Marcel Marschall, qui ont tous deux collaboré avec les forces nazies et vichystes jusqu’à la libération de la ville en août 1944.
Suite à la Libération de Saint-Denis en août 1944, les habitants se rassemblent devant l’hôtel de ville de Saint-Denis pour rendre hommage aux Résistantes et Résistants.
La dernière génération
À Saint-Denis, la jeunesse a repris le flambeau de cette mémoire : 35 élèves de terminale du lycée Rosa-Parks, accompagnés par leur professeure d’histoire Elise Boscherel Deniz, ont suivi cette année scolaire un programme mémoriel sur la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur la Shoah et la Résistance. « Nous aurions adoré rencontrer ces femmes et ces hommes qui ont su résister pour une France libre, mais en 2025, 80 ans après, nous savons que cela est presque désormais impossible », déplore Kaïne au micro de la cérémonie du 8 mai. Conscients d’être la toute dernière génération à pouvoir entendre les témoins de cette époque, les élèves ont pu discuter avec des enfants de résistantes et de résistants vivant encore à Saint-Denis.

Les élèves de terminale du lycée Rosa-Parks ont participé à la cérémonie du 8 mai 2025. À cette occasion, ils ont reçu leur diplôme de passeur de mémoire, attribué par l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR) de Saint-Denis.
En janvier 2025, ils se sont rendus à la résidence-autonomie dionysienne Croizat pour écouter le témoignage de Silvio Lauro dont le père fut arrêté, torturé puis exécuté en 1943. Le mois suivant, un nouvel échange était organisé entre jeunes et témoins, dont Éliane Mèche, fille de Lucien Mèche, résistant fusillé le 6 octobre 1943 au Mont Valérien. « La lecture de la lettre de son papa fut pour nous le moment le plus touchant », confie Jade également au pupitre de la commémoration. « C’est une lettre pleine d’amour, de dignité, de courage et un espoir immense malgré l’ombre de la mort. » À l’issue de leur parcours, les lycéens émus ont reçu leur diplôme de « passeurs de mémoire ». À eux désormais de porter les récits de vies de celles et ceux ayant combattu pour une France libre.
Édouard Parfait, martyr de la Résistance pierrefittoise

Né à Fort-de-France (Martinique) en 1897, vétéran de la Première guerre mondiale, Édouard Parfait travaille comme agent à la Compagnie parisienne du métropolitain, ancêtre de la RATP. En 1936, il rejoint le Parti communiste puis s’engage en 1942 au sein des Francs-Tireurs et Partisans français. Membre du groupe Valmy, il est mis en cause dans l’attentat à la bombe du Rex en 1942, arrêté puis remis aux autorités allemandes. Il meurt au camp de concentration de Mauthausen (Autriche) le 5 novembre 1943.
Les couleurs ravivées de la fresque de la Résistance
La fresque rénovée de la Résistance dionysienne a été inaugurée le 27 mai, journée nationale de la Résistance, par le maire Mathieu Hanotin, en présence de Jean Castex, président de la RATP, et des élèves de l’école Langevin de Saint-Denis.