Orchestre Démos : dernières répétitions pour les apprentis musiciens avant la Philharmonie

L’énergie est à son comble à la maison du quartier Franc-Moisin en ce mardi 17 juin en fin d’après-midi. Les enfants jouent dans les couloirs, slaloment entre la cuisine et la grande salle où Etienne, le professeur de musique, s’assure que les contrebasses sont bien accordées. Puis, c’est au tour de Natacha de mettre au diapason les petites et petits encore dissipés. Avec son cri de ralliement, l’animatrice regroupe dans la salle principale les 14 enfants, âgés de 7 à 9 ans, participant à l’orchestre Démos Plaine Commune. Ce projet a pour vocation de démocratiser la pratique musicale auprès notamment des jeunes habitants de quartiers relevant de la politique de la ville (QPV).
« Demain, c’est la dernière répétition générale avant le concert », rappelle-t-elle aux apprentis musiciens installés en cercle, assis en tailleur. « Il est important que tout le monde soit là », insiste Natacha, qui liste les consignes à suivre pour le bon déroulement de ces répétitions cruciales avant le grand jour. Le vendredi 20 juin, les enfants feront partie de la centaine de jeunes du territoire de Plaine Commune qui se produiront sur la scène de la Philharmonie de Paris, sous la direction de Zahia Ziouani, fondatrice de l’orchestre Divertimento de Stains.
Les commentaires se mettent alors à fuser. « Est-ce qu’on a le droit de venir avec des sandales noires ? », demande Maelys très concernée par sa tenue. « Il faut qu’on vienne sans T-shirt ? », s’interroge Junior, perplexe quand on lui explique que la Philharmonie donnera des hauts colorés à tous les enfants. « Est-ce que les parents doivent venir avec nous ? », souhaite savoir Elya, au sujet de la répétition prévue à la Philharmonie le mercredi 18 juin. Natacha, avec l’aide des deux professeurs de musique, Etienne et Jalil, tentent de rassurer les enfants et aussi de canaliser leur curiosité et leur vitalité.

Après une session de « cailloux-pépites », qui permet de faire un tour de table où petits et grands partagent les choses positives et négatives qui leur sont récemment arrivées, l’heure est venue de s’emparer des archets pour commencer à réviser. La troupe est séparée en deux petits groupes. Jalil, l’autre professeur de musique, reste dans la grande salle. Lui aussi fait le tour des élèves pour accorder les violons. Le petit pot de colophane, une résine utile pour la bonne glisse des cordes, passe de mains en mains. Les enfants commencent à se concentrer, l’ambiance rappelle celle d’un avant-concert classique. « On va réviser rapidement : qu’est-ce que le morceau qu’on va jouer ? », lance le professeur.
« Le Boléro ! »
« Qui commence le Boléro ? »
« La percu ! »
« Qui joue avec la percu ? »
« La flûte ? » « Non ! Le violoncelle ! »
Les enfants se remémorent la structure du morceau, mesure après mesure. Jalil insiste sur les dynamiques et sur le besoin de respecter la progression du morceau phare du compositeur français Maurice Ravel, du pianissimo à l’explosion. Les premières notes résonnent dans la maison de quartier. Le professeur bat la mesure, chuchote les notes, imite par moments les percussions. « Pam-Papapa-Pam-Papapa-Pam-Pam-Pam ». Tant bien que mal, les apprentis essaient de suivre le rythme et augmentent peu à peu le volume. Quelques mauvais accords se glissent ici et là, certains précipitent la mélodie. « En musique et en particulier en orchestre, si on veut gagner, il faut être en groupe, à la même vitesse », affirme Jalil.
Les professeurs appellent plusieurs fois au silence pour aider les enfants à se (re)concentrer. Ces derniers persévèrent, jouent plusieurs fois le morceau jusqu’à la dernière répétition complète. Il y a encore quelques petits ajustements, mais les adultes se montrent confiants envers les musiciens novices : « Vous nous avez prouvé que vous pouvez le faire ».